Namur, le 05 septembre 2024
Lucie s’est suicidée à 12 ans. C’était il y a 3 ans. Ce 10 septembre, elle aurait fêté ses 15 ans. Et c’est aussi la journée internationale de prévention du suicide. Sa maman, Nadège Bodart, infirmière au Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse a demandé à l’hôpital de se mobiliser pour sensibiliser au maximum sur ce sujet tabou. Le CHRSM s’associe donc à Un pass dans l’Impasse en cette journée de sensibilisation.
Un ado se suicide chaque semaine en Belgique. 4 Belges se suicident chaque jour. C’est la première cause de mortalité des personnes de 15 à 44 ans. Si ces statistiques ont de quoi faire peur, elles sont devenues la réalité de Nadège Bodart et Jean-Louis Tasiaux, parents namurois de Lucie, qui s’est suicidée à 12 ans.
Face à cet événement tragique qu’ils n’auraient jamais pu imaginer faire partie de leur vie, ce couple, qui tente lui-même de survivre, a décidé de se mobiliser pour sensibiliser un maximum de personnes. “Face aux accidents de la route, on constate que les nombreuses campagnes de sensibilisation portent leurs fruits : aujourd’hui, mettre sa ceinture de sécurité est devenu un réflexe. Face au suicide, qui tue plus que la route, il est grand temps de réagir”, précise le couple. Car nous n’aurions jamais imaginé que notre fille puisse même envisager de passer à l’acte. Sensibiliser est indispensable pour que les proches, amis, parents, professeurs, sachent que le suicide est la première cause de mortalité des jeunes. Et que les jeunes sachent qu’ils ne sont pas seuls, que des professionnels spécialisés existent, et que ce qu’ils ressentent ne durera pas toujours.”
Au CHRSM, le sujet est bien connu également. Plusieurs services de l’hôpital, à Namur et Auvelais, travaillent sur la santé mentale. Que ce soit pour prendre en charge des enfants, adolescents ou adultes, les équipes pluridisciplinaires sont bien actives : Okapi s’occupe des jeunes jusqu’à 18 ans sur le site de Namur, et de nombreux psychologues, psychiatres, infirmier.es, éducatrices.eurs et assistant.es sociales.aux prennent en charge des patients en difficultés, voire grande détresse dans nos services de psychiatrie, unité de crise, Urgences, pédiatrie, hôpital de jour psychiatrique, en collaboration avec tout le réseau de partenaires.
Cette année, le CHRSM a décidé de lancer sa première campagne sur ce sujet, suite à la demande de cette collègue directement concernée. “La prévention est indispensable, explique Gilles Mouyard, président du CHRSM. Un hôpital est un lieu de soins qui a aussi pour mission de sensibiliser sur des sujets de santé publique. La santé mentale est un pôle d’excellence tant sur Auvelais que Namur, et il est important, vu les délais d’attente dans ce domaine, que les patients sachent que nos deux hôpitaux sont acteurs également. Nous recevons beaucoup de jeunes en détresse, hospitalisés pour tentative de suicide, que nous accompagnons en équipe pluridisciplinaire afin de proposer un temps de pause, de réflexion et un trajet de soins adapté.”
Ce 10 septembre, l’institution lancera une vidéo de sensibilisation sur le sujet et Un pass dans l’impasse informera et sensibilisera nos patients et équipes le 10 septembre après-midi dans nos hôpitaux.
En tant que journalistes, si vous souhaitez aborder ce sujet le 10 septembre, nous vous proposons des interlocuteurs avant cette date pour construire votre sujet : Le témoignage des parents de Lucie, des professionnels de la santé mentale du CHRSM et d’un pass dans l’impasse. N’hésitez pas à nous contacter (0493 27 30 67) pour préparer cela et lever ensemble ce tabou.
Un pass dans l’impasse, notre partenaire pour cette action
Un pass dans l’impasse est l’unique structure de prévention du suicide depuis 2008 en Wallonie ! L’association apporte un soutien à toute personne confrontée de près ou de loin à la problématique du suicide. Elle propose notamment un suivi psychologique et un support social dans 9 sites de consultations en Wallonie. Elle intervient aussi sur le terrain (écoles, entreprises…) à la suite d’un décès par suicide. Elle apporte, depuis juillet 2020, un soutien psychologique spécifiquement destiné aux indépendants et entrepreneurs francophones en détresse via une ligne d’assistance téléphonique et des séances de soins psychologiques. Un pass dans l’impasse a également mis en place un dispositif unique et innovant : un réseau de sentinelles. Il permet à tout citoyen sensibilisé de détecter la détresse et de déclencher une alerte pour venir en aide à une personne ayant des idées noires. Forte de cette expérience, l’association a été reconnue en janvier 2024 en tant que Centre de revalidation spécifiquement dédié à la prise en charge du suicide.
« Durant toute la pandémie, nos psychologues ont constaté une forte augmentation des troubles anxiodépressifs avec une augmentation de l’intensité des idéations suicidaires et des passages à l’acte. Et ce, surtout chez les jeunes. Ce mal-être a fortement augmenté au cours des années suivantes et cela se ressent dans nos consultations. En effet, leur nombre a augmenté de 48% depuis 2019 ! Une très large majorité concernent des adolescents et jeunes adultes », explique Florence Ringlet, Directrice thérapeutique chez Un pass dans l’impasse.
Quelques chiffres
- Chaque jour, 2 Wallons se donnent la mort.
- Le suicide est la première cause de décès chez les 15-45 ans.
- 114 suicides de jeunes âgés de 10 à 24 ans en 2021 (dernière données chiffrées), soit 2 suicides par semaine.
Les numéros indispensables pour les personnes qui ont besoin d’aide
Un pass dans l'impasse :
- 081/777.150 pour toute personne en difficulté souhaitant obtenir un rendez-vous avec un.e psychologue partout en Wallonie.
- 0800/300.25 pour les indépendants et entrepreneurs francophones en souffrance souhaitant bénéficier d’un soutien psychologique spécifique.
Le Centre de Prévention du Suicide vous écoute 24h sur 24, 7j sur 7 au 0800 32 123 et peut vous proposer un accompagnement en région bruxelloise uniquement.